Il serait difficile de décrire un morceau de musique en utilisant notre langue courante. Il y a donc une façon rigoureuse de représenter les informations requises pour un musicien : rythme, intonation, hauteur d’un son, intensité

La notation musicale utilisée en Europe s’est développée à une époque où l’enregistrement n’existait pas. L’écriture musicale était donc un moyen de transmettre de manière plus vaste les morceaux, par rapport à l’apprentissage direct.

Par ailleurs, en « couchant » un morceau sur le papier, on peut le retravailler, et combiner plusieurs parties, cela facilite la composition.

Cette écriture musicale est codifiée par le solfège. Le solfège permet aux musiciens (chanteur, auteur, instrumentiste…) de lire dans un langage commun l’information fournie par un autre musicien.

Une partition est composée de portées, ensemble de lignes servant de repères, et de notes, symboles graphiques mis sur la portée. La forme d’une note permet de savoir la durée du son joué ; sa place sur les lignes et les interlignes de la portée indique sa hauteur (grave ou aiguë), en fonction de la clef mise en début de portée.

Pulsation, tempo et unité de temps

La base du rythme, en musique, est la pulsation ; c’est sur cette pulsation que vont s’aligner les notes.

La pulsation peut être sonore : dans le cas d’un métronome, un son émis de manière régulière permet aux musiciens de se synchroniser. Ceci est utilisé pour le travail (apprentissage, répétition), mais pas pour la représentation.

La pulsation peut être visuelle : le bras du métronome mécanique qui oscille, le signal visuel du métronome électronique qui apparaît à intervalles réguliers, le bras du chef d’orchestre qui bat la mesure.

Dans le cas des petites formations (duo, trio, quatuor…), la pulsation est donnée au départ, et les musiciens la gardent en tête, en se calant sur un instrumentiste de référence.

Dans le cas de la musique populaire moderne, c’est en général la batterie qui sert de référence rythmique.

La durée d’une note est un multiple ou une subdivision de cette pulsation. On a donc créé des figures rythmiques ; une des figure rythmique a la durée de la pulsation, c’est l’unité de temps, les autres durent plusieurs unités de temps ou bien une fraction d’unité de temps.

La vitesse des pulsations s’appelle le tempo.

Le tempo peut être indiqué :

  • en nombre de pulsations par minute ;
  • par un qualificatif, traditionnellement en italien, laissant une marge d’interprétation, par exemple AllegroAndante
Tempo : correspondance approximative entre l’indication qualitative et la pulsation à la minute
QualificatifPulsation QualificatifPulsation
Grave40 à 45 Andantino70 à 100
Largo45 à 55 Moderato80 à 105
Larghetto50 à 60 Allegretto100 à 120
Lento52 à 65 Allegro116 à 150
Adagio55 à 70 Vivace126 à 170
Adagietto58 à 75 Presto144 à 200
Andante60 à 90 Prestissimo184 et au-delà

Figures rythmiques

Figures de base

Il existe sept figures rythmiques principales, chacune valant le double de la durée de la suivante :

  • la ronde Figure rythmique ronde.svg ;
  • la blanche Figure rythmique blanche hampe haut.svg ;
    une ronde vaut deux blanches, c’est-à-dire que la blanche dure deux fois moins longtemps qu’une ronde ;
  • la noire Figure rythmique noire hampe haut.svg ;
    une blanche vaut deux noires ;
  • la croche Figure rythmique croche hampe haut.svg ;
    une noire vaut deux croches ;
  • la double-croche Figure rythmique double croche hampe haut.svg ;
    une croche vaut deux double-croches ;
  • la triple-croche Figure rythmique triple croche hampe haut.svg ;
    une double-croche vaut deux triple-croches ;
  • la quadruple-croche : la triple-croche vaut deux quadruples-croches.
Division de la ronde jusqu'aux croches Division de la noire jusqu'aux triple-croches
Division de la ronde
jusqu’aux croches
 Division de la noire
jusqu’aux triple-croches

 

Le tableau ci-dessous représente les durées relatives des figures :

 
Figure considéréeFigure de 
référence
RondeBlancheNoireCrocheDouble-
croche
Triple-
croche
Quadruple-
croche
Ronde1248163264
Blanche1/212481632
Noire1/41/2124816
Croche1/81/41/21248
Double-
croche
1/161/81/41/2124
Triple-
croche
1/321/161/81/41/212
Quadruple-
croche
1/641/321/161/81/41/21

Par exemple, si l’on regarde la ligne de la double-croche, on voit que la double-croche vaut un quart de noire (elle dure quatre fois moins longtemps qu’une noire), et qu’elle vaut quatre quadruple-croches (elle dure quatre fois plus longtemps qu’une quadruple-croche).

Bien qu’il soit théoriquement possible d’aller plus loin dans la division, c’est en pratique rarement le cas (notamment pour des questions de lisibilité). Il existe une « ronde carrée » qui vaut deux rondes, mais qui est peu utilisée.

Les notes plus courtes que la ronde ont une hampe. Selon la position sur la portée, la hampe peut être située en dessous ou au-dessus, pour faciliter la lisibilité. Une hampe vers la bas est placée à gauche de la note, une hampe vers le haut est placée à droite. Elle fait généralement deux interlignes et demi de hauteur.

Figure rythmique blanche hampe haut.svg Figure rythmique blanche hampe bas.svg Figure rythmique noire hampe haut.svg Figure rythmique noire hampe bas.svg

Les notes plus courtes que la noire peuvent être écrites :

  • séparément ; la hampe comporte alors un ou plusieurs crochets, toujours orientés vers la droite ; il y a un crochet pour la croche, deux pour la double-croche…
  • par groupe : les hampes sont alors reliées par une ou plusieurs barres horizontales ou inclinées, appelées « lien » ; il y a une barre pour des croches, deux barres pour des double-croches…
croches Figure rythmique croche hampe haut.svg Figure rythmique croche hampe bas.svg Figure rythmique deux croches lien haut.svg Figure rythmique deux croches lien bas.svg
double-croches : Figure rythmique double croche hampe haut.svg Figure rythmique double croche hampe bas.svg Figure rythmique deux double croches lien haut.svg Figure rythmique deux double croches lien bas.svg

Prolongation

On peut lier les notes afin d’additionner leur durée ; ce sont nécessairement des notes de hauteur identique, mais elles peuvent avoir une durée différente. La liaison se représente comme une parenthèse couchée. Par exemple, deux noires liées valent une blanche. La liaison peut chevaucher une barre de mesure.

Figure rythmique deux noires liees.svg

Il ne faut pas la confondre la liaison avec le « lié » (legato), qui est une longue parenthèse qui s’étend sur plusieurs notes, et qui indique une manière de jouer.

Une note pointée voit sa durée augmentée d’une moitié de sa durée (+ 1/2). Ainsi, une noire pointée vaut une noire et une croche, soit trois croches ; une blanche pointée vaut une blanche et une noire, soit trois noires.

Figure rythmique equivalence noire pointee.svg

Un double point indique la moitié + la moitié de la moitié, le quart (+ 1/2 + 1/4, soit + 3/4). Et ainsi de suite.

Triolets

Un triolet, c’est lorsqu’une valeur est divisée en trois au lieu de deux. Par exemple, une noire vaut normalement deux croches, mais elle vaut trois croches en triolet ; un triolet de croches vaut une noire. On parle parfois de « trois pour deux ». Le triolet est noté avec un petit trois au dessus ou en dessous du groupe de notes.

Figure rythmique equivalence triolet de croches noire.svg

En fait, de manière générale, dans un triolet, les notes sont jouées en valant les deux tiers de leur valeur. On peut ainsi avoir une noire et une croche en triolet, ou bien remplacer une croche par deux double-croches dans le triolet.

Figure rythmique noire croche en triolet.svg

Un sextolet, c’est simplement deux triolet accolés. Il est noté avec un petit six.

Silences

 

Figures de silence

Un silence est un élément qui indique au musicien de ne pas jouer pendant un certain laps de temps. Leur organisation est identique à celle des notes, avec une durée qui varie du simple au double à chaque étape :

  • La pause vaut comme la ronde,
  • la demi-pause comme la blanche,
  • le soupir comme la noire,
  • le demi-soupir comme la croche,
  • le quart de soupir comme la double-croche,

Sur une partition imprimée, on préfère utiliser la figure de soupir en forme de « zigzag », pour éviter la confusion avec le demi-soupir. Par contre, lorsque l’on note à main levée, la figure en forme de « » à l’envers est plus simple à exécuter.

Mesures

Un morceau de musique est découpé en mesures d’égale durée de temps. Cela simplifie la lecture de la partition, en donnant des repères. Une mesure est une partie d’une portée symbolisée par deux barres verticales.

Chiffrage d'une mesure

Pour pouvoir interpréter une partition, le musicien doit connaître :

  • la figure de note correspondant à la pulsation, c’est-à-dire l’unité de temps ;
  • la durée de la mesure.

Ceci est indiqué par deux chiffres, l’un au-dessus de l’autre, appelés chiffrage. Ces deux chiffres ne sont pas dans des rapports de fraction.

Le chiffre du bas (le dénominateur) indique l’unité de temps :

  • 1 pour la ronde (rare) ;
  • 2 pour la blanche (peu fréquent) ;
  • 4 pour la noire ;
  • 8 pour la croche ;
  • 16 pour la double-croche (rare).

On remarque que ce nombre représente la fraction d’une ronde.

Le chiffre du haut (le numérateur) indique le nombre d’unité de temps dans la mesure.

La figure dont la durée fait une mesure complète est appelée unité de mesure.

Par exemple :

  • 2/4 : l’unité de temps est la noire (4), et il y a deux noires par mesure ; l’unité de mesure est donc la blanche ;
  • 3/4 : l’unité de temps est la noire (4), et il y a trois noires par mesure ; l’unité de mesure est donc la blanche pointée ;
  • 6/8 : l’unité de temps est la croche (8), et il y a six croches par mesure ; l’unité de mesure est donc la blanche pointée.

La mesure à 4/4 est en général notée par un C ; la mesure à 2/2 est en général notée par un C barré.

Ly exemple mesures.png

Le chiffrage se prononce en citant les nombres l’un après l’autre. Par exemple, « 2/4 » se lit « deux quatre », « 6/8 » se lit « six huit ». Le « C » se lit « quatre quatre » et le C barré se lit « deux deux ».

Mesures binaires et ternaires

On distingue deux types de mesures : les mesures binaires et les mesures ternaires.

Par convention, les mesures binaires sont celles dont le numérateur est 2, 4 ou ; les mesures ternaires sont celles dont le numérateur est 3, 6, 9 ou 12.

Il n’y a rien de particulier à dire sur les mesures binaires. Dans une mesure ternaire, les unités de temps sont regroupées par trois ; en fait, tout se passe comme si l’unité de temps réelle valait trois unités de temps indiquées par le chiffrage :

  • une mesure à 6/8 est une mesure à deux temps ternaires ;
  • une mesure à 9/8 est une mesure à trois temps ternaires ;
  • une mesure à 12/8 est une mesure à quatre temps ternaires ;

chaque temps vaut une noire pointée, et est divisée en trois croches (comme un triolet). En fait, la mesure à 6/8 peut être battue à la croche (mesure à six temps) ou bien à la noire pointée (mesure à deux temps).

Mesure ternaire et mesure binaire.svg

Temps fort et temps faible

Une mesure contient des temps forts et des temps faibles.

Pour les mesures binaires :

  • pour une mesure à deux temps, le premier temps est le temps fort, le second est le temps faible ;
  • pour une mesure à trois temps, le premier temps est le temps fort, le deuxième et le troisième temps sont des temps faibles ;
  • pour une mesure à quatre temps, le premier et le troisième temps sont des temps forts, le deuxième et le quatrième sont des temps faibles.

Un temps faible est aussi appelé « levée » ; lorsqu’un thème commence sur un temps faible, on parle d’« anacrouse ».

Lorsque l’on frappe des mains sur un morceau, on frappe habituellement sur les temps forts en France ; les anglo-saxons ont plutôt tendance à frapper sur les temps faibles.

Dans la musique populaire moderne, les temps forts sont habituellement marqués par un coup de grosse caisse de la batterie, et les temps faibles par un coup de caisse claire.

Tous les types de mesure

Nous n’avons cité ci-dessus que les principaux types de mesure. Voici les mesures que l’on peut rencontrer.

Il existe deux types de mesures :

  • mesures simples :
    • binaires
      • battues à deux temps : 2/12/2 (ou ¢), 2/42/8 ;
      • battues à 4 temps : 4/14/24/4 (ou C), 4/8 ;
      • battues à 3 temps : 3/13/23/43/8 ;
  • mesures composées :
    • binaires
      • battues à deux, temps : 6/26/46/86/16 ;
      • battues à 4 temps : 12/412/812/16 ;
    • ternaires 9/29/4, 9/89/16.

Il existe également des mesures :

  • à cinq temps ; c’est interprété comme une mesure à deux temps suivie d’une mesure à trois temps, ou le contraire ; par exemple 5/25/45/8 ;
  • à sept temps ; c’est interprété comme une mesure à trois temps suivie d’une mesure à quatre temps, ou le contraire ; par exemple 7/27/47/8.

Autre

Des symboles figurant sur ces barres peuvent indiquer des répétitions de plusieurs mesures ou bien à chaque « changement de mesure » (formule elliptique pour dire « changement d’indication de mesure »).

Variations de tempo ou de durée

On peut avoir des variations de tempo au sein d’un même morceau, d’un même mouvement.

S’il s’agit d’un changement radical, on place une double barre de mesure suivie de l’indication du nouveau chiffrage de mesure ou du nouveau tempo.

On peut aussi avoir des variations progressives :

  • ritardantdo, noté rit. ou ritard. : le tempo ralentit progressivement ;
  • accelerando : le tempo augmente progressivement.

Il existe également un « crescendo rythmique » : les notes sont liées par des barres qui s’écartent, on commence par des croches et l’on termine par des triples ou quadruples croches selon l’indication.