Qu'est ce que l'harmonie ?

L’harmonie désigne l’association de plusieurs sons simultanés, par rapport à la mélodie qui désigne une succession de son.
Le but de cette partie est de donner quelques notions générales, pour illustrer les notions introduites précédemment.

Blues sur douze mesures

La musique blues est en général bâtie sur une grille d’accords immuable de douze mesures. C’est sur cet accompagnement qui se répète que s’ajoute la mélodie — chant et solo.

Le rythme est toujours un rythme ternaire syncopé : la mesure est à quatre temps, mais la noire est divisée en noire-croche en triolet, ou encore triolet de croche en appuyant la première et la troisième.

La mélodie se construit en général sur une gamme blues de six degrés (gamme pentatonique mineure avec une quarte augmentée). La grille d’accord comporte les accords construits sur les degrés I, III et V de cette gamme, soit, par rapport à une gamme mineure classique, les degrés I, IV et ; c’est cette dernière dénomination qui est en général utilisée.

Par exemple, pour un blues en do :

  • accord parfait de do mineur (Ier degré) ;
  • accord parfait de fa mineur (IVer degré) ;
  • accord parfait de sol majeur (Ve degré).

La succession d’accords est typiquement :

II ou IVII
IVIVII
VIVII ou V

Bien sûr, il y a des variations dans cette grille.

Bourdon et pédale

Le bourdon est une voix (chant, instrument) qui joue toujours la même note. Certains instrument ont un bourdon, comme la cornemuse (on ne peut faire varier le son que d’un seul tuyau, les autres jouent immuablement la même note) ou la vielle à roue (on ne fait varier le son que d’une seule corde).

Une pédale est un bourdon particulier : c’est lorsque plusieurs accords différents ont la même note de basse ; il y a donc des accords renversés dans la progression.

En musique populaire moderne, la note de basse est en général jouée par la guitare basse ; la pédale, c’est donc lorsque la guitare basse joue la même note tandis que les autres instruments — guitare, synthétiseur — jouent différents accords.

Contrepoint

Dans le chant grégorien, la notion d’accord n’existe pas. L’harmonie provient de la superposition de plusieurs mélodies, notamment dans ce que l’on appelle le « contrepoint ».

Le terme provient du latin « punctum contra punctum », littéralement « point par point », et désigne le fait que les notes de chaque voix se correspondent.

L’exemple le plus connu de contrepoint est le canon, comme par exemple Frère Jacques : chaque note d’un couplet correspond à une note du couplet précédent.

Certains morceaux sont bâtis sur une écriture « en miroir » : l’ordre des notes est inversé entre les deux voix, ou bien les intervalles sont inversés (« mouvement contraire » : une tierce montante sur une voix correspond à une tierce descendante sur l’autre).

On peut également citer le « mouvement oblique » (une des voix, le bourdon, chante toujours la même note) et le mouvement parallèle (les deux voix chantent le même air mais transposé, l’une est plus aiguë que l’autre).

Cadence

Le terme « cadence » provient de l’italien cadenza et désigne la « chute », la fin d’un morceau.

Cadence parfaite

La cadence parfaite est l’enchaînement de l’accord fondamental de la dominante (Ve degré) de la gamme utilisée (donc degrés V, VII et IX de la gamme), suivi de l’accord parfait sur la tonique de la gamme (degrés I, III et V).

Elle est souvent précédée de l’accord construit sur le IVe degré (accord comportant les degrés IV, VI et VIII), appelé « accord de préparation ».

On utilise également fréquemment l’accord de septième de dominante à la place de l’accord parfait majeur sur la dominante, la résolution de la dissonance amenant à l’accord parfait sur la tonique.

Demi cadence

Une demi cadence est un morceau se concluant sur l’accord construit sur le cinquième degré. Il provoque une sensation d’attente, de suspens.

Cadence plagale

La cadence plagale est la succession de l’accord construit sur le quatrième degré, suivi de l’accord parfait. Il donne un caractère solennel à la conclusion.

Quarte militaire

De nombreux morceaux de musique militaire commencent par une quarte juste en levant (c’est-à-dire que le morceau ne commence pas au début d’une mesure) ; on parle de « quarte militaire ».

Par exemple : 

La MarseillaiseLe Chant des partisansLa Marche de la 2e DBLes Dragons de Noaille

L’utilisation de la quarte est une référence au clairon, instrument utilisé pour transmettre des ordres. En effet, le clairon ne peut joueur que certaines notes, et les deux premières notes jouées en pratique sont le fa et le si (en général notées un demi-ton au-dessus, sol-do, pour simplifier), ce qui forme une quarte juste.

Triton

Le triton est l’intervalle de trois tons, c’est-à-dire la quarte augmentée. C’est un intervalle qui engendre une tension, et qui demande donc à être résolu (c’est-à-dire que l’on ne termine pas sur un triton). Au Moyen-Âge, il était même considéré comme le « diable dans la musique » (diabolus in musica).

Une gamme majeure ne contient que deux tritons :

IV—VII et VII—XI, soit dans do majeur « fa—si » et « si—fa ».

Une gamme mineure en contient quatre : 

II—VI, IV—VII, VI—IX et VII—XI, soit dans la mineur « fa—si », « ré—sol♯ », « si—fa » et « sol♯— ». 

On voit à cette occasion que le triton est son propre renversement.